Cette semaine, je me suis attachée à mettre en pratique les enseignements du livre de Marshall B. Rosenberg “Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)” que je vous ai présenté ici.
L’empathie et l’écoute active
L’empathie et l’écoute active sont deux pré-requis à des relations harmonieuses et fluides.
L’empathie avec soi-même d’abord. De la même manière que les compagnies aériennes nous rappellent qu’il faut poser le masque à oxygène sur notre visage avant de le mettre sur celui de l’enfant, nous avons besoin de beaucoup d’empathie pour nous-même pour pouvoir garantir à l’autre une écoute exempte de jugements, une écoute qui détecte les besoins sous les critiques ou les cris, qui entend les sentiments sous les jugements et les phrases toutes faites.
Par exemple, l’autre jour, j’ai été obligée de séparer mes 2 aînés qui étaient en train de se battre de plus en plus violemment.
photo OpenClipart-Vectors/Pixabay
Agacée par leur comportement (c’était l’heure de préparer le dîner, ils devaient prendre leur douche, j’avais vraiment autre chose à faire), j’ai crié et usé de la force pour les séparer, traînant mon cadet dans le salon en intimant à mon aîné de rester dans la chambre.
Mon cadet semblant se calmer rapidement alors que mon aîné hurlait des horreurs, je suis allée dans la chambre et j’ai commencé à relater les faits : “j’ai entendu que mes garçons se battaient, et quand je suis arrivée, j’ai pu constater que c’était le cas”.
Puis j’ai commencé à introduire un jugement de valeur (la force de l’habitude) : “c’est pas bien”, et j’ai ajouté ma demande qui ressemblait beaucoup plus à une exigence : “je ne veux pas que vous vous tapiez”.
Sans surprise, la colère de mon fils s’est amplifiée : “c’est lui qui a commencé ! Laisse-moi tranquille ! Tais-toi !”, le tout en tentant de me donner des coups de pieds (il était couché par terre sur le dos et j’étais agenouillée à son côté avec une main posée sur son ventre).
Sentant la moutarde me monter au nez, je me suis levée et je suis partie dans une autre pièce. J’ai cherché à identifier ce qui se passait en moi, et derrière la colère j’ai été un peu étonnée de ressentir de la peur. J’avais peur de cette violence.
Je suis retournée le voir et je lui ai dit que j’avais peur quand je les voyais se taper. Mon aîné a cessé de se débattre, intrigué, et m’a demandé pourquoi. Sa colère semblait évanouie tout à coup. Alors je lui ai expliqué qu’en tant que maman, je voulais protéger mes enfants pour qu’ils n’aient pas mal, et que quand c’était mes enfants qui se faisait du mal entre eux, j’étais très effrayée car je ne savais plus trop comment faire pour les protéger tous les deux. C’était pour ça que j’intervenais en les séparant de force et en les grondant, parce que j’avais peur. Il a changé de sujet, soudain joyeux et gai à nouveau, ce qui m’a prise par surprise : sa colère était totalement terminée. Je lui ai demandé de bien vouloir faire attention à ne plus taper ses frères, et il m’a promis de faire de son mieux pour ne plus le faire.
L’empathie, c’est la capacité à recevoir l’émotion de l’autre sans chercher ni à répondre, ni à consoler, ni à renchérir. A écouter avec le cœur…
photo pixelheart/Pixabay
L’empathie avec nos enfants (et avec nous-même) est vraiment cruciale car la plupart de nos blocages à l’âge adulte viennent de ce que nos émotions n’ont pas été entendues dans l’enfance, et qu’elles se sont donc enkystées en nous. Et chaque fois qu’une situation nous rappelle même de loin cette première fois, notre amygdale déclenche une réponse émotionnelle disproportionnée par rapport à la situation elle-même. Par exemple, une jeune femme qui ne supportait pas d’entendre un bébé pleurer, au point de devoir quitter le lieu… a découvert en thérapie qu’elle-même n’avait pas été entendue lorsque bébé, elle pleurait.
Pour se libérer de ce kyste émotionnel, quelqu’un doit nous donner ce que l’on a pas reçu à l’époque : de l’empathie. Ce qui est vraiment rassurant, c’est que ce quelqu’un ça peut être nous-même.
Mais encore mieux, on peut éviter de créer ces kystes émotionnels chez nos enfants !
Alors quand un soir mon fils aîné a décrété, visage fermé, qu’il ne partagerait pas son goûter oublié du matin avec son petit frère, j’étais tentée de l’obliger à le faire (je ne trouvais pas ça juste pour mon cadet), mais à la place j’ai simplement dit sur un ton neutre : “tu veux garder ton goûter pour toi tout seul”. Il s’est obstiné quelques minutes, et chaque fois j’ai simplement reformulé ce qu’il me disait. Et tout à coup, il a spontanément tendu la moitié de son goûter à son petit frère. Un peu surprise mais ravie, j’ai commenté “cela me fait chaud au cœur quand je vois que vous partagez”.
La responsabilité de ses sentiments
Lorsque je rédigeais ma chronique du livre la semaine passée, j’ai refait les différents tests proposés au fil de la lecture pour voir si j’arrivais à détecter le jugement dans le fait (j’y arrive plutôt bien), ou la prise de responsabilité de ses sentiments : c’est moi qui ressens cette émotion, parce que j’ai choisi ou j’ai été conditionnée à le faire, ce n’est pas l’autre qui l’a créée chez moi; et inversement, je ne suis pas responsable de l’émotion de l’autre.
Cette série-là d’exercices a été beaucoup plus difficile pour moi. J’ai encore du mal à ne pas me sentir coupable des sentiments des autres.
Et en particulier les sentiments de mes enfants. Ainsi, si l’un de mes garçons est en colère, je vais d’abord commencer à chercher ce que j’ai bien pu faire qui l’a mis dans cet état, au lieu de simplement accueillir cette colère et le laisser m’expliquer d’où elle vient.
Car je suis souvent surprise de constater qu’une colère qui semble rattachée à ce que j’ai fait est en fait souvent une manière pour mon enfant d’évacuer un stress d’une autre situation vécue à l’école, là où il n’avait pas la possibilité de le faire !
Ainsi, mon cadet, un soir, est monté dans les tours parce que je refusais de mettre une énième chanson. Je me suis approchée de lui, je l’ai câliné autant que possible (il n’était pas d’accord et me repoussait vivement), et j’ai commencé à parler de cette colère, en lui demandant s’il y avait eu un moment dans la journée où il avait ressenti cette colère. Il a commencé à m’expliquer qu’il avait été dans le rouge ce jour-là parce qu’il faisait le clown, et qu’il était vraiment en colère pendant qu’il devait colorier ce rouge. J’ai reformulé en disant, sur un ton légèrement interrogatif pour le laisser me reprendre si je me trompais, que peut-être il avait trouvé ça injuste parce que c’est drôle de faire le clown (il est en moyenne section), que peut-être il avait un peu honte aussi (j’ai supposé qu’il pouvait imaginer que je ne sois pas être super contente de le savoir dans le rouge, la pire couleur de l’échelle de comportement que la maîtresse a introduite en classe), et surtout, je lui ai dit que je l’aimais, quoi qu’il arrive, même quand il était dans le rouge.
Il n’a pas répondu mais j’ai senti sa respiration se calmer tandis qu’il glissait doucement dans le sommeil. Il ne voulait pas une énième musique, il voulait un temps d’écoute pour se libérer de cet évènement désagréable… dont je n’étais aucunement responsable !
La reconnaissance de ses besoins et la demande
Comme cette partie-là est difficile pour moi ! Je manque cruellement de vocabulaire pour définir mes besoins.
Alors j’ai imprimé la liste fournie dans le livre et j’ai décidé de la relire tous les matins : après tout, on apprend bien des listes de mots quand on veut apprendre une nouvelle langue.
Et dès que je commencerai à être plus au clair avec mes besoins, je pense que la partie “demande” sera plus facile pour moi. Parce que j’ai encore beaucoup de mal à formuler une demande qui ne sonne ni comme une exigence, ni comme une plainte culpabilisante.
Je me revois, enceinte de mon troisième au supermarché, avec mes 2 aînés à gérer, incapable de demander aux personnes devant moi de me laisser passer. Et je pestais, et je râlais… alors qu’il aurait été si simple, si j’avais été au clair avec mon besoin de reconnaissance de mon statut particulier, et mon besoin de repos, de demander à mon mari s’il voulait bien aller faire les courses ! ;o)
En conclusion
La CNV, c’est un outil génial mais ça ne s’improvise pas. On peut lire tout un livre sur comment faire du vélo, tant qu’on n’a pas essayé, tant qu’on ne s’est pas entraîné, on sait que ça va plus vite que de marcher, et que c’est même plutôt agréable de se balader en vélo, mais on ne sait toujours pas en faire.
C’est un peu comme une langue étrangère : l’apprendre à l’école ou l’apprendre en immersion ça ne donne pas les mêmes résultats…
Alors, en avant ! On s’entraîne ! Ça veut dire qu’on va se planter, faire des erreurs. Mais si à chaque fois qu’on réalise qu’on s’est trompé, on va voir l’autre, on demande pardon, et on essaie autrement… A force, on va devenir des pros! Et pour ceux qui veulent vraiment aller plus loin, il existe des formations et même des groupes de pratique.
Et vous? Connaissiez-vous la CNV? Pratiquez-vous au quotidien avec vos enfants? Quels sont vos plus grandes difficultés? Dites-le moi dans les commentaires ! Et si vous avez aimé cet article, partagez-le sur les réseaux sociaux!
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