Bienveillant, c’est pas un peu bisounours?

On m’a posé la question lors d’un repas. Ça fait un peu bisounours tout ça… on me frappe et je tends l’autre joue…

bisounours

Alors, pourquoi on ferait ça?

Parce que je pense que tout le monde préfère:

  • Recevoir des requêtes qui laissent un choix, plutôt que des ordres;
  • Être traité avec respect plutôt que comme un paillasson;
  • Voir son travail ou sa personne valorisés plutôt que jugés ou condamnés;
  • Savoir que l’on a le droit à l’erreur et que l’on vaut mieux que son erreur;
  • Se sentir en confiance dans une relation plutôt que ressentir de la peur;
  • Entendre des paroles constructives plutôt que des mots qui blessent ou enferment;
  • Recevoir un sourire plutôt qu’une grimace;
  • Recevoir une caresse plutôt qu’un coup;
  • Vivre en paix plutôt qu’en guerre;
  • Etc…

On comprend assez facilement le pourquoi, mais si c’était si facile, tout le monde serait bienveillant avec son voisin et les guerres seraient un mot du passé!

Le hic, c’est qu’avec la meilleure volonté du monde, on arrive quand même à être agressif avec autrui; la situation nous met en colère, ou bien la colère, réprimée dans un contexte, rejaillit plus tard, sur d’autres personnes « qui n’ont rien demandé ».

C’est que la bienveillance requiert une discipline et une décision consciente. J’ai décidé d’être bienveillant, c’est-à-dire de ne plus me laisser gouverner par mes émotions négatives. Je choisis d’être bienveillant avec les autres ET avec moi-même. D’écouter ce qui se passe en moi, au-delà des réactions et des mots qui me viennent en tête qui ont pour but de relâcher ma tension intérieure. Et de tenter de percevoir ce qui se passe en l’autre, derrière ses actions et ses mots décidément pas acceptables.

Et ça, c’est pas bisounours du tout, c’est carrément difficile à faire et ceux qui y arrivent doivent être salués pour leur self-control.

Mais que faire face à l’agressivité? Se laisser faire?

Tout dépend de la relation que l’on a avec la personne : est-ce une relation de long terme ou de court terme?

S’il s’agit d’un inconnu, avec qui aucune relation ne s’établira, le plus simple est de « sauver sa peau »; on n’est pas là pour lui enseigner quoi que ce soit, on ne sait pas ce qu’il a vécu avant ni de quoi il est capable. Alors, on met le bouclier en place (« la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe ») et on passe son chemin le plus vite possible. Le plus vite possible aussi, on se félicite d’avoir maîtrisé nos instincts primaires puis on oublie l’incident! On vaut mieux que ça, et puis surtout, l’agressivité de l’autre ne concernait que lui.

S’il s’agit d’une personne avec qui la relation est de longue date, deux possibilités : soit il s’agit de quelqu’un avec qui vous voulez et pouvez avoir une relation de qualité (parent, enfant, conjoint, collègue, ami, client ou fournisseur important…), soit il s’agit de quelqu’un avec qui c’est impossible (pervers narcissique, manipulateur…).

Dans le 2ème cas, fermez vos oreilles, fuyez puis cherchez l’aide d’un professionnel pour découvrir ce qui vous a rendu vulnérable (on n’est jamais la victime d’un pervers ou d’un manipulateur par hasard).

Sinon, écoutez ce qui s’exprime maladroitement sous cette agressivité. Car l’agressivité est généralement liée à un besoin non satisfait.

« Tu ne fais jamais rien pour m’aider! » => besoin de coopération ?

« Tu n’es jamais là! » => besoin de moments de qualité?

« Lâche-moi! » => besoin de calme ?

Etc…

Si l’agressivité de l’autre vous bouleverse trop, vous avez aussi le droit, voire le devoir, de l’exprimer à l’autre, le plus calmement possible: “Je me sens trop mal quand tu me parles comme ça. J’aimerais vraiment pouvoir échanger avec toi de ce qui te met autant en colère, pour trouver une solution avec toi. Serais-tu d’accord pour me parler plus calmement?”

Au final, qu’est-ce que j’y gagne?

D’abord, la fierté de me sentir aux commandes plutôt que mon cerveau instinctif primaire.

Ensuite, une meilleure qualité de relation avec mes proches: une étude sur plusieurs décennies a prouvé que ce qui caractérisait le plus le bonheur pour les gens était d’avoir des relations de qualité avec leurs proches. Oui, plus que l’argent, le succès…

Enfin, une meilleure satisfaction de mes besoins, et une meilleure satisfaction des besoins de l’autre, ce qui conduit à un apaisement de la tension interne autrement plus durable que des paroles ou des gestes hargneux…

Selon moi, le jeu en vaut la chandelle, et ce n’est pas bisounours du tout.

 

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C'est une question qu'on m'a posée. Car effectivement, la bienveillance est un peu trop souvent assimilée à la gentillesse. Moi je crois en revanche qu'être bienveillant, c'est montrer une grande force de caractère...

C’est une question qu’on m’a posée. Car effectivement, la bienveillance est un peu trop souvent assimilée à la gentillesse. Moi je crois en revanche qu’être bienveillant, c’est montrer une grande force de caractère…

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7 commentaires sur “Bienveillant, c’est pas un peu bisounours?”

  1. Tu as raison, la bienveillance est un art. Bien des gens penses que pour sortir victorieux d’une discussion, il faut enfoncer son interlocuteur, lui clouer définitivement le bec. Malheureusement cette conception peu avoir un effet désastreux sur la vie personnelle et familiale. En fait, l’emporter de cette façon c’est affaiblir la relation avec l’autre. Super article Caro.

  2. J’aime bien le concept effectivement, et j’aimerais pouvoir toujours transformer les discussions « musclées » avec ma fille de 5 ans, en échange d’amour, mais c’est pas toujours facile…
    Exemple ce matin : elle s’est levée très tôt (6h) pour aller faire pipi. Je vais la voir pour lui expliquer que 6h c’est trop tôt, il faut qu’elle se recouche. Elle : « je veux jouer maman je n’ai plus sommeil ». Je pense « ok, c’est pas une lève tard, tant qu’elle laisse le reste de la famille dormir ok ». Donc lui demande de mettre un pull et de jouer doucement. Et chacune retourne dans sa chambre sagement.
    Arrive le moment du réveil pour tout le monde. Elle est sous la couette, ne veut pas se lever toute seule, donc je viens la chercher, mais elle me dit qu’elle à trop froid, qu’elle veut pas se lever. Et là, je m’énerve et lui demande de s’habiller toute seule  » vu que tu t’es levé très tôt, c’est que tu n’est pas fatiguée !  » et Hop, je la culpabilise au passage… Ne voulant pas la laisser « gagner » car elle réclamait Maman alors que papa se proposait de l’aider, nous lui avons dit de rester dans sa chambre et de réfléchir à son comportement (à 5 ans hum…) et qu’elle pouvait s’habiller à son rythme si elle voulait mais que si elle prenait trop de temps elle irait à l’école en pyjama et sans déjeuner. Finalement, elle a pleuré presque 20 min dans sa chambre, en passant à des sanglots aux gros cris de rage. Bref, je retourne la voir une fois moi-même calmée, pour qu’elle arrive, avec mon aide, à trouver la solution qui lui apporterait le plus de plaisir. Au final, elle s’est habiller seule en moins de 3 min, mais comment faire pour éviter les 20 min de pleurs qui étaient sûrement invivable pour elle ?

    1. Merci pour ce message, et bravo! C’est là tout l’art du parent bienveillant: il n’est pas parfait, mais il se questionne, il réfléchit, il se calme, et une fois calmé il aide son enfant à trouver une solution.
      Ce qui m’interpelle, c’est la phrase « ne voulant pas la laisser gagner ». Je sais qu’en tant qu’adulte, on a ce besoin de sortir victorieux d’un échange avec autrui, mais pour un enfant, il n’y a pas de lutte de pouvoir, juste l’expression d’un besoin (ô surprise, cette petite fille voulait sa maman plutôt que son papa…).
      Alors, comment éviter ces 20 minutes une prochaine fois? Peut-être pourrait-on juste décrire la situation comme si cette petite fille nous la racontait:
      « j’étais réveillée et maman n’était pas contente, mais elle m’a laissée jouer. Après, j’avais froid, et je voulais rester dans mon lit tout chaud, et maman m’a grondée. Papa est venu pour m’habiller, mais moi j’avais besoin d’un câlin de maman, qu’elle me dise que tout était oublié, qu’elle m’explique pourquoi elle m’avait grondé parce que moi je ne savais pas ce que j’avais fait de mal. Je pleurais mais elle n’est pas venue. Alors ça m’a mise en colère! Enfin, maman est venue et comme elle était toute calme et douce j’ai su qu’elle m’aimait, alors ça allait mieux. »
      L’important n’est pas de ne pas faire d’erreurs, l’important c’est de les reconnaître et de demander pardon, avec la ferme volonté de faire mieux la prochaine fois. Un enfant peut entendre ça: « tu sais, je ne suis pas parfaite, parfois moi aussi je fais des bêtises. Je te demande pardon. »

  3. Retour de ping : Comment être bienveillant avec mon enfant sans perdre mon autorité?

  4. Etre bienveillant est être dans une remise en question constante. C’est affronter nos blessures les plus profondes chaque jour, et essayer de faire mieux et ne pas blesser à notre tour. C’est chercher et trouver des outils pour être respectueux et en accord avec ses principes malgré nos réactions inconscientes et notre mauvaise gestion des émotions.
    En effet, être bienveillant n’est pas du tout un truc de « bisounours », même si, les bisounours ne sont pas forcément laxistes en vrai. Eux aussi ont leurs règles et les font respecter. C’est en ça qui consiste la bienveillance, faire respecter des règles fondées dans l’amour sans cris, punitions ni violences de tout type.
    Merci pour cet article, et je nous souhaite beaucoup de sagesse pour continuer le chemin de la parentalité bienveillante.

    1. Merci pour votre commentaire! Oui, c’est exactement ça, on peut être bienveillant sans être laxiste. A force de constater que ce mot, bienveillant, était employé à tort et à travers (en synonyme de « gentil » notamment), je préfère aujourd’hui parler de parentalité consciente, comme dans cette vidéo: https://youtu.be/972b7gu_h6g

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