Ceci est un article rédigé dans le cadre d’un carnaval d’articles sur le thème du pardon, organisé par Pascale du blog http://azendream.fr. Pour en savoir plus: https://azendream.fr/pardon-te-demande-pardon-sil-te-plait/.
Quand mon aîné a été en âge de parler, j’ai commencé à lui inculquer la notion de pardon… comme on me l’avait enseignée.
C’est-à-dire, comme un mot à dire pour que boum, ça y est, tout soit oublié.
« Pardon » faisait donc partie de son vocabulaire, aux côtés de « merci » et « s’il te plaît « .
Puis il a eu un frère, puis un 2ème… et ça s’est sérieusement compliqué.
Parce que quiconque a plusieurs enfants sait que très régulièrement, un jeu va dégénérer, et que l’un des enfants va taper ou mordre l’autre, lequel va soit répondre de la même façon, soit fuir vers un adulte, soit se mettre à hurler (voire les 3 en léger décalé).
Ça se termine en général avec 2 enfants hurlant, séparés s’ils en sont venus aux mains par un adulte excédé. Si le parent cherche à savoir ce qui s’est passé, c’est toujours l’autre enfant qui a commencé…
Et l’adulte, qui s’érige en juge, désigne l’enfant « victime » et demande à l’autre de lui « dire pardon ».
Un jour j’en ai eu assez. Assez de ces cris. Assez de ces “pardon” qui disaient “j’men fiche, dès que t’auras le dos tourné je recommencerai”, ou “pardonner? même pas en rêve!”, ou encore “c’est pas juste!!!”.
photo 21150/Pixabay
Alors j’ai commencé à creuser la question, à lire des livres, à chercher ce qui se tramait dans ces crises, dans ces bouffées de colère, et surtout, comment enseigner un pardon qui en soit vraiment un.
Et petit à petit, j’ai découvert quelques pépites que je souhaiterais vous partager ici.
Victime et agresseur
On demande souvent aux enfants de “dire pardon” dès lors que l’on se pose en juge de leur dispute.
photo OpenCliparts-Vectors/Pixabay
Nous, parents, qui n’avons pas été présents lors du fameux démarrage de la dispute, décidons qu’il y a une victime et un agresseur.
Or c’est souvent un mélange!
Je me souviens d’une fois, où mon benjamin de 2 ans et demi, pressé d’aller chercher un objet, a avancé sans regarder devant lui et est rentré dans le mur à côté de la porte qu’il visait.
Il est entré dans une rage folle et s’est mis à taper le mur en hurlant “non!”.
J’utilise souvent cet exemple pour expliquer à mes aînés que parfois, on est convaincu que l’autre “l’a fait exprès”, alors que ce n’est pas vrai. Quand je leur ai dit que leur petit frère était convaincu que le mur lui était rentré dedans, mes aînés ont beaucoup ri. Et du coup, ils ont compris que si à la place du mur, il y avait eu un enfant, le dos tourné, cet enfant n’aurait absolument pas compris pourquoi tout à coup, mon benjamin lui rentrait dedans puis ensuite lui hurlait dessus en le tapant!
Pour le “mur”, il était évident que c’était mon benjamin l’agresseur, c’était à lui de “dire pardon”. Et pour mon benjamin, l’agresseur c’était le mur!
Lors de la gestion d’une dispute entre mes enfants, où je suis obligée d’intervenir, j’utilise souvent cette histoire pour leur rappeler qu’on peut être l’agresseur tout en étant persuadé d’être la victime, et que pour se disputer, il faut être 2.
C’est la raison pour laquelle je les incite à se demander pardon tous les 2 lorsqu’ils sont calmés, et qu’ils le font volontiers!
“Dire” pardon ou “demander” pardon?
Tout d’abord, le pardon ne se “dit” pas, il se demande. C’est la “victime” de l’agression qui choisit, librement, d’accorder son pardon à “l’agresseur”.
J’ai donc cessé, lorsque j’interviens dans une dispute qui dégénère, de m’intéresser à l’enfant qui semble en posture d’agresseur (avec les indices pas toujours fiables que je peux capter en quelques secondes: ton de la voix, nature des pleurs, niveau de colère…), pour orienter toute mon attention sur l’enfant qui semble souffrir le plus.
Pour cela, je m’éloigne avec la “victime” (ou j’envoie “l’agresseur” faire un tour dans une autre pièce) et je fais mon possible pour l’aider à s’apaiser, en l’écoutant me relater sa version des faits, en soignant le bobo s’il y en a un, en lui demandant comment il se sent, ce qu’il ressent comme émotion, en le câlinant.
Seulement lorsqu’il est calme, je l’invite à me raconter à nouveau ce qui s’est passé, en lui donnant chaque fois que possible un éclairage sur ce qui a pu se passer dans le cœur de l’autre enfant pour qu’il réagisse comme ça. Si l’enfant est bien apaisé, il perçoit tout à coup le point de vue de l’autre, et souvent à ce stade la “victime” réalise qu’elle a aussi été “agresseur” car spontanément elle veut demander pardon à l’autre !
C’est alors que je laisse la “victime” pour rejoindre “l’agresseur”, qui peut soit être encore très en furie (par exemple si j’ai mal évalué la situation et que c’était lui, l’enfant qui souffrait le plus), soit un peu calmé par ce temps tout seul.
Dans les deux cas, j’accueille son émotion et je l’aide à identifier ce qu’il ressent. J’écoute sans rien dire les phrases comme “il est nul!”, ou “c’est un menteur!”, ou encore “je voudrais qu’il soit mort!”, ou alors je reformule : “tu es vraiment en colère”, “tu aimerais vraiment ne pas avoir de frère”, ou “ça serait plus simple si tu étais fils unique”.
Lorsqu’il est apaisé, je peux là aussi commencer à lui présenter ce que l’autre a pu ressentir.
Enfin, une fois que j’ai pu apaiser chacun des enfants concernés par la dispute, je leur propose de se demander pardon.
La différence est flagrante avec les “dis pardon” d’avant!
Tout d’abord, chacun, réalisant qu’ils ont tous deux, à un moment, été l’agresseur pour l’autre, ont une demande de pardon à exprimer, et ça change tout!
photo marksfilter/Pixabay
Le pardon de l’un, presqu’inaudible parce qu’il se sent un peu honteux d’avoir été agresseur, est tout à fait bien perçu par l’autre, qui pardonne à son tour joyeusement et tous deux repartent vers un nouveau jeu.
Le pardon du parent
Parfois, c’est nous, les parents, les agresseurs de nos enfants.
Malgré la meilleure volonté du monde, nous sommes humains et nous dérapons (merci la fatigue, le stress et autres besoins insatisfaits). Tout à notre colère, nous disons (ou même faisons) des choses que l’on regrette.
Ou parfois, nous grondons un enfant, réalisant un peu tard que nous nous sommes trompés de fautif, ou que notre gronderie a pris des proportions sans rapport avec la “bêtise” commise.
Je me souviens d’une discussion avec cette maman qui me disait: “moi, je ne demande jamais pardon. Sinon, tu imagines, tu vas perdre toute autorité sur ton enfant!”.
Je ne suis pas d’accord. De mon point de vue, au contraire, en lui demandant pardon :
- d’une part je reconnais mes torts, mon enfant sait que je ne suis pas parfait, et du coup que c’est OK s’il n’est pas parfait lui non plus;
- d’autre part je lui montre qu’il est possible de reconnaître ses torts et de demander pardon, ce qui rend les choses plus faciles pour lui lorsque c’est lui qui est en tort;
- enfin je peux restaurer la confiance de mon enfant dans notre relation: il sait qu’il peut me pardonner cette erreur car je la regrette sincèrement et que je ferai tout pour ne pas la reproduire.
Se pardonner soi-même
Nous vivons dans un monde où la parentalité est très fortement idéalisée (merci la pub de l’ami du petit-déjeuner!). Peu importe notre propre vécu dans l’enfance, quand nous devenons parents, nous sommes absolument certains que nous serons au top, toujours zen, souriants, prêts à enseigner de nombreuses choses à nos enfants, ravis de jouer avec eux. Et bien sûr, nos enfants seront rieurs, sages, obéissants, coopératifs, toujours de bonne humeur.
Et puis la réalité frappe de plein fouet.
Bébé ne fait pas ses nuits.
La gastro s’invite… pour la 3ème fois en 2 mois.
La vie sociale se réduit parce que l’on ne sait plus parler que d’une chose, notre petit monstre.
Et puis aussi parce qu’arrivé 21h, on est crevé et on ne pense plus qu’à dormir.
Tout à coup on s’entend hurler sur notre chérubin… et on reconnaît la voix de son parent, qui dit ces mots qu’on s’était juré de ne pas dire, et on s’en veut.
On culpabilise : on est vraiment un mauvais parent ! Bouhouhou…
C’est pour ça qu’il est important d’apprendre à se pardonner soi-même. De lâcher notre rêve d’idéal pour embrasser la réalité. Aujourd’hui j’ai été parent bienveillant à 75%. Argl… J’ai donc été “mauvais parent” à 25%!!! Horreur, honte, culpabilité!!!
Bon, sauf que 75% c’est comme avoir 15/20. Ou être ceinture noire 3ème dan. Pas si mal, non? Alors, je me pardonne pour les 25%. Et je me pardonne même de m’être flagellée de ne pas avoir atteint les 100%.
Parce qu’en culpabilisant, en se traitant de tous les noms pour ces petites erreurs de parcours, on oublie, on passe sous silence toutes ces fois où on a été le parent parfait, où on a dit exactement ce dont notre enfant avait besoin, au moment où il en avait besoin.
La prochaine fois que vous vous surprenez à vous auto-flageller de ne pas être le parent parfait, dites à haute voix : “Arrête de t’embêter et dis pardon!” (hi! hi!) non, sérieusement, dites: “je me pardonne; je ne suis pas parfait-e mais je fais de mon mieux” (c’est encore mieux quand on se regarde dans la glace en le disant).
Et vous, obligez-vous vos enfants à « dire pardon »? Avez-vous essayé d’autres méthodes?
N’hésitez pas à m’en parler dans vos commentaires: d’une part j’adore vous lire, d’autre part ça m’aide à savoir comment je peux être le plus utile pour vous!
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Non je n’oblige pas à dire pardon, des fois quand mes enfants (5 et 3 ans) disent un ‘pardon’ machinal ou que l’un exige que l’autre dise pardon (je pense qu’à l’école on les oblige à dire pardon) je leur rappelle que pardon n’est pas un mot magique et que ce qui est important c’est de comprendre et de ne pas refaire. Ce n’est pas magique non plus mais je pense que sur le long terme ça va marcher !! (Enfin j’espère)
C’est effectivement très culturel d’exiger un pardon, comme si le mot, sans les sentiments derrière, pouvait suffire. Comprendre et ne pas refaire… Oui c’est un travail sur le long terme (et oui ça marche!). S’attarder sur la « victime » plutôt que sur « l’agresseur », écouter la souffrance d’abord, au lieu de demander réparation d’abord, permet aux enfants de développer leur empathie, grâce à l’exemple. Belle journée! 😉